Suite à notre article sur la piste de ski de fond des Quatre-Vallons le mois dernier, entretenu par Mr. Gilbert Beaupré, nous vous partageons maintenant un morceau d’histoire dont plusieurs se souviendront avec affection : l’ancienne piste de ski de fond Skiwippi.
Le Skiwippi, sentier d’une longueur de 33 km (20 miles), partait de l’Auberge Hatley (Robert and Lilian Gagnon), traversait le Manoir Hovey (Stephen and Kathryn Stafford) puis rejoignait l’hôtel Ripplecove (Jeffrey and Debra Stafford). C’était lors des années 1980, alors que la pratique du ski de fond gagnait en popularité. Herman Smith-Johannsen (1875-1987), connu aussi sous le surnom de « Jackrabbit », est responsable de l’arrivé de ce sport au Canada. Originaire de Norvège, ce pionnier nord-américain a passé sa vie à promouvoir le ski de fond. C’est fort probablement ce qui explique sa grande longévité : il est mort à l’âge vénérable de 111 ans.
En 1985, trois des grands hôtels estriens se sont rassemblés afin d’offrir une luxueuse expérience hors du commun combinant ski, repas et hébergement. Le gouvernement provincial reconnaissait ce forfait comme une première dans le monde coopératif. Ce concept, récipiendaire de prix, a été un franc succès autant auprès des touristes que des résident.es.
Les clients avaient la chance de skier d’un bout à l’autre du lac. Le forfait incluait six nuitées dans les luxueux hôtels, ainsi que six déjeuners et les soupers copieux.
Lors d’une entrevue, M. Stephen Stafford a déclaré que les gens adoraient le concept et que plusieurs clients ont fréquenté son établissement grâce à l’énorme publicité engendrée par le forfait Skiwippi.
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Le sentier gratuit était accessible à tous et non seulement aux invités des hôtels. En plus d’assurer conjointement les frais d’entretien, les trois établissements s’occupaient du droit de passage avec les propriétaires des terres.
Le Refuge Les Sommets, une base de plein air située au bout du chemin des Sommets à Sainte-Catherine-de-Hatley, s’ajoutait parmi les haltes. La vue était spectaculaire, tout comme le dîner et l’hospitalité de madame Juliette Deland. Parmi les repas chauds servis, l’on retrouvait des spécialités québécoises comme les ragoûts, les tourtières, ainsi que « la meilleure soupe aux pois » aux dires de Stephen Stafford.
Michael Greyson, un natif de North Hatley, se souvient très bien de Mme Juliette : une vieille dame aux cheveux gris, de petite stature et qui, tout en s’occupant de la cuisine, gérait une salle à manger régulièrement remplie de scouts, de louveteaux et de Guides (« girls guide »).
Michael garde un précieux souvenir de ses sorties sur la piste. Il skiait le long du champ de vaches Highland (vaches d’origine écossaise à la fourrure épaisse), puis s’arrêtait au Manoir Hovey pour une boisson chaude, pour finalement terminer son périple en descendant vers le lac Massawippi. Le sentier représentait tout un défi. Parsemé de collines, il fallait avoir confiance en ses habiletés de skieur.
« Après la bonne montée de North Hatley vers Katevale, on faisait souvent un court détour par les sentiers de M. Beaupré. Puis, on avait beaucoup de plaisir à dévaler la pente. Notre récompense était un bon grog au rhum qu’on buvait auprès du foyer au bar du Manoir Hovey. Cela serait vraiment formidable si le Skiwippi pouvait renaître. Plusieurs skieurs l’adoraient. »
—Michael Grayson
L’extrémité sud du sentier se situait au village d’Ayer’s Cliff. Pour y accéder, il fallait skier sur le lac gelé. La vue était de toute beauté. L’hospitalité était un mélange des cultures et traditions anglophone et francophone des Cantons-de-l’Est.
L’Auberge Hatley et le Refuge des Sommets sont tous deux disparus. Toutefois, quelques sections du sentier sont encore accessibles au public. Il suffit d’emprunter le sentier des Quatre Vallons, qui lui-même croise le sentier Massawippi.
Aujourd’hui, le ski de fond connait un nouvel essor. Les gens redécouvrent les joies et les bénéfices du plein air. Quelle chance nous avons d’avoir accès à des pistes directement dans notre cours : il suffit d’en profiter!
Juliette Martin Deland
propriétarie de la base de plein air
» Camp les Sommets »
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